vendredi 30 mai 2014

Affaire «Standard» : cinq transactions pénales en cours

La loi controversée de 2012 permettant une transaction pénale à n'importe quel moment de la procédure va-t-elle vider le futur procès «Standard» de toute substance? (c) Belga
Se dirige-t-on vers un procès de seconds couteaux dans l’affaire «Standard»? Les rats quittent le navire judiciaire: au moins cinq prévenus dont le parquet de Liège a requis le renvoi en correctionnelle négocient en douce une amende pour échapper à un procès.

Pierre François fait des émules... Après que l’ex-directeur général du Matricule 16 eut conclu, mi-avril, une transaction pénale avec le parquet de Liège pour éteindre les poursuites à son encontre dans le dossier dit «Standard de Liège», au moins cinq autres inculpés se sont engouffrés dans la brèche pour éviter un (plus que probable) renvoi en correctionnelle.

Leurs noms? Ils ne filtreront pas tant que les transactions n’auront pas été finalisées. Ainsi donc, la plus longue enquête jamais menée dans le milieu du foot belge (7 ans d’instruction, 46 perquisitions, 19 commissions rogatoires internationales...), qui ne devrait pas déboucher sur un procès avant 2015, pourrait accoucher d’une souris si tous les cadors du foot belge dans le viseur de la justice négocient leur impunité en douce...

En effet, l’actuel entraîneur du FC Bruges, Michel Preud’homme, est poursuivi dans cette affaire pour avoir fermé les yeux, quand il était directeur technique du Standard, sur le paiement d’une «prime à la signature» au noir lors du transfert de Micky Mumlek en 2003. Le Sporting d’Anderlecht et son ex-manager général, Michel Verschueren, sont poursuivis pour avoir payé, via le Luxembourg et l’Autriche, un complément de salaire occulte de 155.000 euros à l’attaquant croate Ivica Mornar en 2001-2002.

Pour rappel, ce dossier titanesque comporte un volet «blanchiment» dans lequel l’ex-homme fort du Standard, Luciano D’Onofrio, est suspecté d’avoir blanchi 1,7 millions d’euros, et un volet «transferts suspects» où une flopée de dirigeants de clubs, d’agents et de joueurs sont sur la sellette pour avoir versé ou perçu des compléments de salaires occultes.

Le parquet de Liège a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de quasi tous les inculpés, soit 21 personnes physiques et six personnes morales (voir ci-dessous). Mais ça négocie ferme en bords de Meuse. Vers un procès de seconds couteaux?

David Leloup


Le Parquet demande leur renvoi en correctionnelle 

Cinq personnes au moins dans la liste qui suit négocient actuellement une «indulgence» avec le parquet. Qui sont-elles? Les paris sont ouverts...
Dirigeants. Luciano D’Onofrio, Maurizio Delmenico, Pierre Delahaye, Alphonse Costantin, Michel Preud’homme, Reto Stiffler, Jean-René Angeloglou, Michel Verschueren, Cristi Borcea.
Joueurs. Miljenko Mumlek, Ivica Dragutinovic, Liviu Ciobotariu, Sambegou Bangoura, Ivica Mornar, Joseph Enakarhire.
Agents. Stanimir Prelic, Ioan Becali, Laurent Dechaux, Alfred Raoul Kimbembe, Jurica Selak, Daniel Evrard.
Clubs. Standard de Liège SA, RSC Anderlecht ASBL.
Sociétés offshore. Alalunga Anstalt, International Agency for Marketing, Kick International Agency BV, Mondial Service International.


Poursuivis, ils échapperont à un procès

Pierre François. L’ex-directeur général du Standard poursuivi pour faux (transferts de Dragutinovic, Mumlek et Bangoura) a conclu une transaction pénale avec le parquet en avril.
Pierre Dubiton. Les faits reprochés à l’ex-directeur financier de l’Olympique de Marseille (transferts de Van Buyten, Yobo et Cavens) ont atteint la prescription.
Djuro Sorgic. L’ex-agent de joueurs poursuivi pour faux (transfert de Mumlek) est décédé en octobre 2012.
Corporate Press Ltd. La justice liégeoise n’a pas de compétence territoriale pour juger cette offshore britannique qui aurait touché des commissions occultes sur certains transferts.

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