jeudi 19 septembre 2013

Michel Moll a touché 954.000 euros de Huawei

Michel Moll (3e) est très proche de Didier Bellens (2e), qui a bataillé ferme au sein du comité de direction de Belgacom pour choisir Huawei comme sous-traitant en novembre 2009. (Photo Belgacom)
EXCLUSIF. L’actuel président ad interim du conseil d’administration de Belgacom a touché 954.000 euros du géant chinois des télécoms Huawei entre 2010 et 2012.


Michel Moll, le mandataire MR représentant l’Etat au conseil d’administration de Belgacom, qu’il préside ad interim depuis mars 2012, a touché plus de 954.000 euros de l’entreprise chinoise de télécommunications Huawei entre début 2010 et fin 2012, a appris Marianne à bonne source. Chaque mois, pendant trois ans, Michel Moll a facturé, via sa société 2MConcept, 26.500 euros hors TVA à l’entreprise chinoise pour des services de consultance qui ne concernaient ni la Belgique ni l’Europe, expliquait-il hier à nos confrères de L’Echo: «Les Chinois cherchaient à tisser des alliances en Afrique. J’ai mis ma connaissance du marché et du secteur à leur service.»

En novembre 2009, contre toute attente, Huawei signait un contrat de plusieurs centaines de millions d’euros avec Belgacom pour l’entretien du réseau d’accès radio de Proximus et la mise à niveau d’une infrastructure visant à déployer la 3G. Au détriment de Nokia Siemens Networks, qui opérait ce service depuis des années, mais aussi d’Alcatel-Lucent et d’Ericsson, qui avaient également répondu à l’appel d’offres de Belgacom.

En tant que membre du conseil d’administration de l’opérateur télécom à l’époque, Michel Moll a validé le choix de Belgacom d’opter pour Huawei. Quelques semaines plus tard, il devenait lui-même consultant pour le géant chinois. La coïncidence est troublante quand on sait que Michel Moll est très proche de Didier Bellens, le CEO de Belgacom, et que celui-ci a bataillé ferme au sein du comité de direction pour que le choix se porte sur Huawei, avec pour seul argument qu’«ils sont moins chers», selon un témoin cité par L’Echo ce matin. D’autant qu’un autre témoin a affirmé au quotidien économique qu’il «existait de grands doutes sur la qualité de service et le niveau de sécurité que pouvaient garantir les Chinois».

A nos confrères du Tijd, un expert télécom qui a côtoyé Huawei en affaires a qualifié le groupe comme étant «sans scrupules» et ayant recours à «des pratiques qu’on n’utilise pas ailleurs». Il n’a «jamais vu une telle machine de lobbying», a-t-il ajouté à propos de Huawei.

Bref, cette consultance à 954.000 euros ne fait qu’épaissir le mystère relatif aux conditions dans lesquelles le juteux contrat de novembre 2009 a été signé.

David Leloup

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