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Les partis politiques contrôlent-ils correctement les administrateurs qu’ils font nommer dans les entreprises publiques ? Etiqueté MR, Michel Moll, homme aux multiples mandats publics stratégiques, est en même temps consultant pour des clients privés via sa société 2MConcept. Le risque de conflit d’intérêts est bien réel.
Michel Moll, le président ad interim du conseil d’administration de Belgacom, est également «conseiller stratégique» pour l’entreprise chinoise Huawei depuis 2010. La CIA, le parlement américain et la Sûreté de l’Etat belge soupçonnent cette société de se livrer à des activités d’espionnage.
Mais Michel Moll, étiqueté MR, est également membre du collège des censeurs de la Banque nationale de Belgique, administrateur de la Société belge d’investissement international (SBI), administrateur de la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO), administrateur de la société aéronautique Sonaca et de Wespavia (deux sociétés dans le giron de la Société régionale d’investissement de Wallonie) et… fondateur d’une SCRL «familiale», 2MConcept. Basée avenue de Tervuren à Woluwé-Saint-Pierre, 2MConcept a été créée le 13 février 2010 – date qui coïncide avec les activités de conseil de Michel Moll pour le compte de Huawei.
L’objet social de 2MConcept est large et recouvre le périmètre des activités publiques du mandataire MR. Via sa société, Michel Moll prodigue des «conseils» et de l’assistance «en matière de géopolitique et géostratégie industrielles», principalement «dans les secteurs de l’aéronautique, des télécommunications et du multimédia, de l’électronique de sécurité, de l’informatique, (…) de la communication et du lobbying».
Or par le biais de ses mandats au sein de la Banque nationale (stratégie financière de l’Etat belge), Belgacom (télécommunications et multimédia), Sonaca (aéronautique) et Wespavia (qui gère la participation financière de la SRIW dans Techspace Aero et la FN Herstal), Michel Moll a accès à de nombreuses informations stratégiques d’importance nationale qu’il pourrait ainsi facilement monnayer auprès de ses clients «privés» – tels Huawei ou d’autres – via sa société de consultance 2MConcept.
Le simple fait que Michel Moll se retrouve dans une position où le risque de fuites stratégiques est possible, pose à tout le moins question sur la nature du contrôle qu’exercent les partis politiques sur «leurs» mandataires. Car dans le cas présent, le risque de conflits d’intérêts est bien réel.
Une chose est sûre: ce business de conseil, réalisé par Michel Moll parallèlement à ses mandats publics, est plutôt lucratif. En 2011, 2MConcept a versé 216.000 euros de dividendes à ses actionnaires: Michel Moll (51%), son épouse (25%), et ses deux filles (12% chacune).
David Leloup
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