jeudi 26 décembre 2013
Conflits d’intérêts: le CSS doit cesser de faire l’autruche
Marianne s’étonne du ton et de la teneur du communiqué de presse du Conseil supérieur de la santé (CSS) qui frappe d’anathème notre article «Cigarette électronique: des experts en plein conflit d’intérêts?» (Marianne n°42-43, en kiosque jusqu’au 3 janvier 2014).
Cet article ne porte pas d’«accusations» contre le CSS: il se borne à soulever, sur la base de faits indiscutables et documents à l’appui, la question de l’indépendance du récent avis remis par le CSS à propos de la cigarette électronique. A partir du moment où deux des six experts qui ont signé cet avis sont rémunérés par des entreprises qui vendent des produits concurrents de l’e-cigarette, et que l’avis remis est hostile à l’e-cigarette, cette question se pose. Et il est journalistiquement légitime de la poser. C’est même le devoir de la presse en démocratie.
Il n’y a aucune «interprétation tendancieuse et partisane» ou «théorie du complot» dans l’article de Marianne. Juste un sain réflexe journalistique face à une procédure de gestion des conflits d’intérêts insuffisamment élaborée et peu transparente. Car contrairement à ce que le CSS affirme dans son communiqué, les déclarations d’intérêts de deux des six experts qui ont signé l’avis (Kristiaan Nackaerts, le cas le plus problématique épinglé par Marianne, et Michel Fondu) ne sont pas publiées sur son site internet. Soit un tiers des experts ayant élaboré l’avis. Il est donc un peu facile de s’enorgueillir d’une procédure, sur papier, «correspondant aux meilleurs standards internationaux», si celle-ci n’est pas appliquée en pratique.
La procédure de gestion des conflits d’intérêts du CSS est par ailleurs sous-tendue par une vision totalement angélique de l’influence des intérêts commerciaux sur les avis scientifiques. Venant d’une institution publique d’expertise médicale, une telle naïveté est inquiétante. Comme le rappelle opportunément le Dr Jérome Kassirer, ancien rédacteur en chef du New England Journal of Medicine et auteur de On the Take: How Medicine’s Complicity with Big Business Can Endanger Your Health, «bien que les médecins qui se livrent à ces activités croient souvent que les largesses des entreprises ne peuvent pas influencer leur objectivité, tous les résultats des études psychologiques suggèrent qu'il s'agit d'une croyance naïve.»
En effet, dès 2000, le Dr Ashley Wazana de l’université McGill (Montréal) a montré scientifiquement, dans une revue de la littérature publiée dans le prestigieux Journal of the American Medical Association, que les interactions des médecins avec l’industrie pharmaceutique influencent le jugement de ces médecins dans un sens favorable à l’industrie. «De nombreuses études ont montré que le comportement d’un individu n’était pas toujours rationnel, qu’un cadeau modifiait l’objectivité et influençait le choix, appelait à une réciprocité», rappelait de son côté, il y a six ans déjà, un éditorial de la revue médicale belge Minerva. Deux articles que la direction du CSS serait bien inspirée de lire ou relire...
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Any claimed high level of credentials of these experts is completely irrelevant. As long as they are financially attached to the Johnson and Pfizer pharma corporations, who are selling competing nicotine products in the market, they have a serious conflict of interest (COI) and can not be trusted to give unbiased opinions about E-cigarettes.
RépondreSupprimerThey should be removed from all official expert panels about E-cigarettes immediately. The arrogant reaction from CSS is appalling, and is in fact indicating that more pharma COI's may be present, waiting to be pulled out in the open.
The French professor dr. Philippe Even, former director of the prestigious Necker Institute in Paris has given a most revealing description of the pharmaceutical industry in France:
"The pharmaceutical industry is the most lucrative, the most cynical and the least ethical of all the industries," he said. "It is like an octopus with tentacles that has infiltrated all the decision making bodies, world health organisations, governments, parliaments, high administrations in health and hospitals and the medical profession."
"It has done this with the connivance, and occasionally the corruption of the medical profession. I am not just talking about medicines but the whole of medicine. It is the pharmaceutical industry that now outlines the entire medical landscape in our country."
Could the same situation apply to Belgium?
http://www.theguardian.com/world/2012/sep/14/french-doctors-drugs-useless-dangerous